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Sur le nouvel album de Bolik, un poète disparu – mais très pote avec Lou Reed, qui lui
a consacré un double album, The Raven – prête fugitivement sa plume à un songwriter
clermontois. En devenant titre de chanson, le A Dream Within A Dream d’Edgar Poe (« Tout
ce que nous voyons et paraissons/Ne serait-il qu’un songe au sein d’un songe… ») offre au
passage la clef d’un rêve de groupe, fantasmé par un dormeur aux nuits infiniment fertiles.
Acte I – Le Songe d’une nuit d’été : En 2001, un fan de Dominique A, François Doreau, fête
la sortie de son premier album solo en donnant un concert en appartement. Sous le charme,
les spectateurs décident de lui offrir un groupe. Jurisprudence Ramones oblige, tous décident
d’adopter le même patronyme. En hommage au romancier polonais Witold Gombrowicz,
François Doreau (chant et guitare) devient Witold Bolik.
Acte II – Les Nuits de la pleine lune: Après une paire d’EPs (Les Militants, 2003, et Old
Wave, 2005) un premier album, Bolik, reçoit en 2007 un accueil enthousiaste de la presse
musicale – Les Inrocks s’enflamment pour ces « chansons bilingues ayant assimilé trente ans
de musiques souterraines et stellaires ». Côté étoiles, Bolik explore alors le firmament de
Robert Wyatt. Côté underground, il emprunte la ligne Velvet, avec arrêt à la station Stooges,
pour un Dimanche offrant une cure de farniente à I Wanna Be Your Dog.
Acte III – La Nuit des enfants rois : En septembre 2011, le second album de Bolik
(Le stress du travail tue l’être humain) soulage par la gourmandise la détresse des phobiques du
labeur, auxquels il propose une délicieuse poignée de chansons M&Ms – pour Manchester
& Montréal, confiseries préférées de garçons tombés tous petits dans le bocal de bonbons
anglais des Buzzcocks, de Joy Division et de New Order, puis devenus accros aux pastilles
euphorisantes de Godspeed You Black Emperor, des Unicorns et d’Arcade Fire. Sans renier
ses attaches new-yorkaises (le dernier titre, Hunger and Shame, a dans son ADN une grosse
dose de Velvet circa I’m Waiting For The Man), les ténébreux Bolik privilégient désormais
refrains extravertis (faisant mentir son titre, Down affole prestement les guibolles), perles
de pop azimutée (Bad Weather, petit précis d’optimisme et d’efficacité mélodique) et duos
enregistrés sur des pétales de fleur sauvage : en accueillant pour Atchoum la chanteuse des
Wendy Darlings, les Bolik inventent le réacteur à éternuement, et se retrouvent propulsés
au pays de Peter Pan. Jumeler de la sorte l’univers de l’adolescence au long cours chère
à l’auteur de Ferdydurke et celui de l’éternelle enfance en collant vert témoigne d’une
cohérence d’autant plus admirable qu’elle fait la part belle au hasard, maître de cérémonie
auquel le rock doit ses plus purs moments de poésie.
Bruno Juffin(2011)
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